Poésie
Mon Ange
Mon ange,
Je t'ai chassé au fond de la forêt,
Où définitivement tu es resté.
Mon ange,
Ton coeur est supplicié,
Tu ne sais aimer
Ni d'amour ni d'amitié.
Mon ange,
Tu es un animal entravé,
Enchaîné à des maîtres butés,
Mon ange,
Tu n'as pas ton libre choix,
Tu crois aveuglément à leurs stupides lois.
Mon ange,
Déçue, je ne t'ai plus revu.
Tes actes m'ont déplu, je t'ai déchu.
Mon ange,
Nous ne récitons pas les mêmes prières,
Armé de tes ornières, tu nous as livrés à l'enfer
Mon ange,
Tu m'as humiliée, je t'ai rejeté,
Tu as bâti ce que tu as démoli,
Mon ange,
Taureau dissimulé, derrière un avatar feutré
De rouge et de noir
Pour me dire de ne pas t'oublier.
Avalon ou le dernier voyage
Maintenant tu voyages
Libéré, consolé
Sauvé de ton corps
Rongé, détruit, démoli
Vaincu par la maladie
Après ton long combat
Tu es parti
Vers Avalon qui t'ouvre
Ses bras et son coeur
Vole vers le verger merveilleux
L'île aux pommiers
Séjour des héros et des rois
Des hommes de qualité
Où ta place était réservée
Je t'envoie par la pensée
Des oeillets violets
Des oeillets pourprés
Des fruits mûrs
Des fruits dorés
Des fleurs de givre
Des châles de couleur
Des cygnes noirs
Nos plus beaux souvenirs
Le bassin verdi
Les lilas fleuris
Tu es parti
Les bras ballants, je suis là, figée
Abasourdie
Des feux follets en farandoles folles
Dansent autour de mon coeur
Vois tu couler sur ma joue
Des larmes d'or?
Deuil
J’ai hurlé ton nom dans le vent.
A genoux sur ta tombe,
Dépossédée de ton corps,
Ta main ne tient plus
La mienne dans le noir.
Des fleurs rouges comme le sang
Gisent à mes pieds
Sur le sol où tu es enfoui, enseveli
J’ai supplié des devins
Pour qu’ils me parlent de toi
J’ai brûlé des cierges,
Récité des prières
Dans des églises fières et froides.
J’ai fait tourner des tables
Dans des châteaux lointains
Pour t’entendre une fois encore.
J’ai interrogé les étoiles,
Les cartes les runes
Pour un signe de toi.
Parle moi mon âme
S’il te plaît,
Juste un mot,
Juste une ombre,
Juste une fois.
N’est-il pire souffrance que le silence ?
Mon Cher Papa
Pas une seule fois
Je t’ai dit Mon cher papa
Ca n’a jamais passé toi et moi
L’ombre et l’absence
Toute ma vie je t’ai cherché
Je voulais que tu fusses
Comme je l’aurais souhaité
Tendre, patient, attentionné
Dès l’adolescence je courais
Après des hommes très âgés
Pour qu’ils m’achètent
Ce que tu ne m’avais pas donné
Pourtant tu possédais des qualités
Presqu’un modèle
Sensible, intelligent, fidèle
Peut-être est-ce la guerre
Qui t’a tout pris
Ta jeunesse volée, déchirée
Par les bombes qui pleuvaient
Par tes copains massacrés
Par tes illusions anéanties
Mon cher papa, de là- haut
Est-ce que tu me vois ?
Ta petite fille a tant vieilli
Je vais planter dans le jardin
Tes giroflées préférées
Pas un jour je ne t’ai oublié
Peut-être bien que je t’aimais
Mon cher papa